Interview Muriel Pénicaud

Muriel Pénicaud : « Oui, l’écologie va créer de nouveaux emplois »

La ministre du Travail inaugurera ce vendredi 29 mars le forum Monde Nouveau à Perpignan. Un rendez-vous exceptionnel.

 

Bruno Campels

À Perpignan durant trois jours, on va beaucoup parler de transition écologique. Est-elle pourvoyeuse d’emplois ?

Absolument ! Les opportunités sont très nombreuses. L’emploi environnemental représente 2 % des emplois en France, soit 400 000 emplois. Les métiers liés à la transformation écologique, c’est près de 4 millions d’emplois. Il y a un énorme enjeu à préparer aux métiers verts et à adapter les formations dans l’énergie, la gestion des déchets, la rénovation des bâtiments…

Vous passerez donc des messages d’espoir…

Des messages d’espoir et de mobilisation. Vendredi, je signerai avec la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, le pacte régional pour le Plan d’investissement dans les compétences. Sur le plan national, le PIC nous permettra de former sur la durée du quinquennat un million de jeunes et un million de demandeurs d’emploi. On y consacrera 15 milliards d’euros, c’est du jamais-vu !

La formation, c’est la clé du changement ?

Oui, je le crois. Passer à une agriculture bio, c’est bien sûr de l’investissement mais aussi de la formation. Passer à une gestion des déchets en partie préventive et qui recycle avec des opérateurs de tri, ce sont de nouveaux emplois et donc des formations. Dans le bâtiment et les transports, c’est la même chose. On le voit, c’est une source de croissance riche en emplois à condition de mettre le paquet sur les compétences. Sinon, ces emplois ne se créeront pas. Et c’est maintenant que nous devons le faire.

Les collectivités adoptent cette vision. Mais faut-il convaincre davantage les entreprises ?

Il faut surtout les sensibiliser à l’anticipation. Beaucoup d’entreprises ont au même moment à gérer la révolution numérique et la transition écologique au sein de leurs équipes. Nous devons aider les chefs d’entreprise à trouver les compétences et les bons profils sur le marché du travail, en encourageant par exemple l’apprentissage. Nous devons aussi créer des métiers nouveaux. Nous venons de le faire en lançant trois titres professionnels nouveaux : responsable d’unité de méthanisation, chargé d’affaires en rénovation énergétique des bâtiments et technicien de maintenance d’équipements de chauffage dans l’énergie renouvelable.

Vous nous dites donc que sur ces sujets, la France tire son épingle du jeu ?

Elle est même en pole position en Europe ! La France a beaucoup poussé pour que l’Union européenne ait une orientation courageuse sur la transformation du parc automobile. S’agissant de l’économie circulaire, les efforts sont considérables. Je suis convaincue que l’idée d’une convergence sociale et d’une accélération de la transition écologique doit être portée au niveau européen.

Vendredi, vous lancez un club des entrepreneurs pour l’inclusion. De quoi s’agit-il ?

C’est un club départemental qui mobilise les chefs d’entreprise pour accompagner les plus vulnérables. À Toulouse, j’ai visité dernièrement une entreprise d’insertion, une ressourcerie, qui fait du recyclage d’électroménager, de vêtements, d’objets du quotidien… La structure remet le pied à l’étrier de demandeurs d’emploi de longue durée et fait de l’économie circulaire. C’est la preuve que l’on peut lier insertion et écologie.

 

OLIVIER BISCAYE