Jour 9 – Une nouvelle journée pour nos étudiants à la Cop 26 !

Les étudiants de Sciences Po Toulouse nous racontent la suite de leur aventure

Ce matin, nous avons décidé de nous lever un peu plus tard. En effet, après deux jours à un rythme intense (réveil 6h, coucher 23h, avec 2h de trajet aller/retour) et, surtout, dans un environnement si prenant que la COP26 ; nous ressentons le besoin de nous reposer un peu. Dans un tel endroit, on se sent vite dépassées : il y a beaucoup de personnes, d’événements au même moment, d’effervescence… c’est à la fois excitant et très, très énergivore. Sans parler des désillusions auxquelles nous faisons face par moments. 

Au dernier moment s’organise en fin de matinée un entretien informel entre Stéphane Crouzat – ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique, pour les énergies renouvelables et la prévention des risques climatiques – et les jeunes français.e.s présent.e.s à la COP26. Il revient pour nous sur la position de la France dans les négociations en cours, en soulignant les travaux qui ont été faits en amont de la COP dans l’objectif de rehausser les ambitions des pays les plus riches et émetteurs de carbone, puis en expliquant les points de tension actuels dans les discussions : soit l’article 6 portant sur les marchés carbone, la transparence, et les CDNs (contributions déterminées nationalement). Il insiste beaucoup sur le fait que ce qui ressortira de cette COP est un consensus, et non un vote, car les parties n’ont jamais su se mettre d’accord sur le règlement intérieur de la COP. Cela complique la prise de décisions ambitieuses. C’est très intéressant, mais nous sommes un peu déçues par le fait que cela soit très rapide (nous n’avons pu poser que très peu de questions) et trop peu organisé (discussions dans un couloir, avec beaucoup de bruit et la sécurité, puis en marchant autour de lui en groupe …).

Ensuite, Clarisse et Camille vont faire le tour des pavillons qui les intéressent pour voir leurs programmes sur les derniers jours et noter les événements auxquels elles aimeraient assister, notamment le Pavillon AOSIS (îles du Pacifique particulièrement affectées par le changement climatique). Pendant ce temps, Amélie assiste à une table ronde au Pavillon France sur la transition écologique des métropoles et des mairies, avec Grenoble, Marseille, Nancy, Dijon et Clermont- Ferrand. D’abord, les intervenant.e.s mentionnent les actions entreprises dans leurs métropoles, où dominent la démocratie participative, les programmes européens et les expérimentations innovantes et créatives comme des COP locales.

Cop 26 à Glasgow

Puis la discussion est passée à la thématique des transports, avec les problématiques des énergies renouvelables et de l’hydrogène pour alimenter les transports en commun, du covoiturage, de l’autopartage, des taxis collectifs…

Cop 26 à Glasgow
Cop 26 à Glasgow

Après déjeuner, Camille se rend à une table-ronde du pavillon AOSIS intitulée “Adressing the ocean in supporting climate justice in small islands developing countries”, où sont présent.e.s différents représentant.e.s des îles. C’est particulièrement intéressant, car le matin même Stéphane Crouzat annonçait que l’objectif de 100 milliards de dollars promis aux pays du Sud serait atteint avec un peu de retard, en 2022. Et l’objectif de 1.5 degré semblent compromis, puisque si tous les pays respectaient les engagements annoncés via les CDNs, cela reviendrait à 2.7°. On est bien loin du + 1.5 degré négocié lors des Accords de Paris. Or les représentant.e.s des îles s’accordent tous sur un point : converger vers un tel réchauffement (+ 2.7 degrés) est un objectif qui ne peut être tenu que par des pays riches, non pas touchés par le dérèglement climatique comme le sont actuellement ces îles et pour qui, même un demi degré supplémentaire peut tout changer. Pour cette deuxième semaine, ils demandent donc à ce que soient prises en compte trois choses lors des négociations, bien que les pays les plus affectés soient sous-représentés : “HONESTY. WILL. EMERGENCY”. Peu satisfaits de ce qui a été négocié lundi à propos des “pertes et dommages” (loss and damage), ils espèrent que ce point sera révisé d’ici la fin de la COP. La notion de justice climatique est répétée à plusieurs reprises. C’était aux yeux de Camille l’événement organisé par un pavillon le plus intéressant auquel elle ait assisté depuis lundi.

Pendant ce temps, Clarisse et Amélie sont allées rencontrer d’autres jeunes européens dans le but de préparer une action militante jeudi. Cet échange a été très intéressant du fait qu’il ne s’est pas déroulé comme on l’imaginait. Une jeune allemande a soulevé la question de la sous représentation des « MAPA » (Most Affect People Areas) en interrogeant l’image que nous allions véhiculer par notre action, celle de jeunes blancs privilégiés et moins affectés par le changement climatique que d’autres. Nous avons longtemps débattu de cette question avant de décider d’annuler cette action en raison du manque de personnes investies dans le projet et de la difficulté de trancher ce débat. Nous ne considérons pas cette décision comme un échec, mais plutôt comme un apprentissage !

Après une petite pause, nous nous rendons à l’action organisée par les YOUNGO, soit les “Children and Youth constituency to United Nations Framework Convention on Climate Change”, à 16h intitulée “Action on Human Rights & Climate Ambition in Article 6”. Après une mise en scène théâtrale, imitant les représentants des différents pays négociant au sujet des marchés carbone, ils annoncent leurs trois revendications : “safeguarding of human rights and indigenous sovereignty” ; “high carbon credit cancellation rate” ; “zero zombie credits”. Beaucoup de monde s’arrête pour les écouter.

Camille et Clarisse se rendent après à un side event intitulé “Build resilience in CenterAmerica region”. L’initiative régionale AFOLU 2040, créée lors de la COP25, est présentée : elle vise à atteindre la neutralité carbone dans ces huit pays concernant les secteurs de l’agriculture, forestry and other land uses. Nous apprenons notamment que cette région du monde est la région tropicale la plus sensible au changement climatique. C’est plutôt intéressant, mais nous avouons rester toujours un peu sceptiques devant les discours de tous ces représentant.e.s d’Etats : sont-ils des promesses dans l’air ou de réels engagements ? Sur le papier, cette initiative nous semble vraiment “bien” mais il nous est difficile de faire la part des choses entre le greenwashing, les effets d’annonce, et l’impact concret de ces mesures sur le changement climatique, tant le discours est lisse et bien rodé. Nous partons un peu avant la fin pour rejoindre le groupe des jeunes français devant le pavillon Sciences : Yannick Jadot organise un live en direct de la blue zone pour discuter des enjeux de la COP26 avec François Gemenne (membre du GIEC), Aurore Mathieu (responsable politiques internationales du RAC) et Bruno Bernard (président métropole de Lyon). C’est très intéressant ! Camille a ensuite l’idée de demander à François Gemenne et Yannick Jadot s’ils étaient disponibles d’ici la fin de la semaine pour organiser une réunion informelle avec les jeunes Français.e.s présent.e.s à la COP26, comme avec Valérie Masson-Delmotte et les autres chercheur.se.s hier. Tous deux ont accepté, respectivement à 10h et 11h jeudi matin. Nous nous sommes donc rassemblé.e.s entre jeunes pour préparer un peu nos questions, pour éviter que ce qu’il s’est passé ce matin avec M.Crouzat ne se reproduise et avoir vraiment le temps de discuter et d’échanger avec ces personnes.

Le soir, nos hôtes, un charmant couple de retraité.e.s, nous accueillent avec un repas convivial et de la nourriture écossaise typique.

Cop 26 à Glasgow
Cop 26 à Glasgow

[FUN FACT : chaque année, un glacier est nommé du nom de la ville qui a accueilli la COP.]


Amélie, Camille et Clarisse