Interview Laurence Tubiana

Laurence Tubiana : « C’est aux citoyens d’agir »

La directrice générale de la Fondation européenne pour le climat et membre du Haut conseil pour le climat créé par Emmanuel Macron participera au forum du Monde Nouveau.

MAXPPP

Pourquoi serez-vous à Perpignan ?

Pour moi, l’environnement est un engagement de très longue date. Comme professeur, comme activiste, et parfois aussi comme politique, je me consacre à la défense de notre planète. Pour cette raison, je vais participer aux rencontres du Monde Nouveau à Perpignan.

La planète souffre. N’est-ce pas déjà trop ?

Parfois, lorsqu’on regarde toutes ces menaces qui pèsent sur nous, tous ces événements extrêmes, ces dégradations dont nous sommes la cause, on peut perdre espoir. En même temps, regardons en arrière et où nous en étions il y a vingt ou trente ans. Ces questions de protection de l’environnement étaient totalement ignorées. On avait l’impression de ne pas avoir de réponse. Et qu’on ne pouvait rien faire à l’échelle personnelle, à l’échelle collective ou au niveau d’une nation. Aujourd’hui, on se rend compte que l’on peut agir, ne serait-ce que par notre comportement.

Par exemple ?

Prenons le cas de l’alimentation : si on consomme beaucoup moins de viande, et cela sera bon pour notre santé, on contribue de façon très importante à tous les biens communs de l’environnement. C’est aussi la manière de se transporter, de vivre plus sobrement, d’arrêter de surconsommer. Cela est tout à fait envisageable.

C’est aussi la manière de porter cet engagement, de manifester, d’écrire, de demander aux gouvernements, aux entreprises et à tous les acteurs économiques de rendre des comptes. Il y a un grand espace d’action pour les citoyens. Il est encore temps. Pour moi, le moment de l’action, c’est maintenant. C’est le moment pour chacun de se mobiliser. On ne peut pas transférer à d’autres cette responsabilité. On ne peut pas seulement demander à nos gouvernants d’agir. C’est à nous d’intervenir, c’est à nous aussi de les entraîner à agir.

Peut-on agir vraiment localement ?

On se rend compte que pour avancer, il faut pouvoir élaborer des solutions, qu’il faut pouvoir imaginer. Cela ne se fait pas dans l’abstrait. Cela se fait dans des lieux particuliers, à l’échelle d’un territoire particulier. Et en Occitanie, les sujets sont nombreux. L’agriculture, la pêche, dans la recherche, l’éducation… Ce n’est pas en déléguant à je ne sais qui à Paris qu’on pourra prendre les décisions et innover dans tous ces domaines. Les territoires, c’est le bon endroit, la bonne échelle où les solutions doivent s’imaginer, se construire, où l’on peut négocier ensemble, trouver des consensus et la force d’agir collectivement. Perpignan et l’Occitanie, c’est un bon espace pour pouvoir imaginer demain.

La mobilisation des Etats ne suffit donc pas…

J’ai participé, avec d’autres intervenants, à la construction d’un accord entre les gouvernements de 197 pays pour la COP 21 et pour le climat. C’est une grande responsabilité. Mais aujourd’hui, c’est aux citoyens d’agir. J’ai le sentiment très profond que si les citoyens ne se mobilisent pas, on ne pourra pas réaliser les changements qui sont nécessaires. Voilà pourquoi, j’appelle à l’action et à l’imagination. Voilà pourquoi il faut venir à Perpignan. J’y serai aussi.

MIDI LIBRE