Interview Philippe Saurel

Philippe Saurel : « voir la transition écologique non pas comme une contrainte mais comme une opportunité »

A quelques jours du forum du Monde Nouveau à Perpignan, Phillipe Saurel donne sa vision de la transition écologique des villes, plus particulièrement à Montpellier.

MIDI LIBRE

Que font la ville de Montpellier et la Métropole pour l’environnement ?

Notre époque est celle des grandes mutations à conduire pour préserver l’environnement et le climat. Il faut voir la transition écologique non pas comme une contrainte mais comme une opportunité. À Montpellier, pour chaque projet nous avons désormais le réflexe de penser au photovoltaïque, au végétal, à la préservation des terres, aux mobilités douces, à l’économie circulaire. Je vais prendre l’exemple des nouveaux bâtiments publics qui sont tous à énergie positive et fournissent plus d’électricité renouvelable qu’ils n’en consomment : halles Laissac, médiathèque Aimé-Césaire, piscine de Saint-Brès.

Pour la Métropole, la moitié du budget 2019 est orientée sur l’environnement. C’est 423 millions d’euros pour l’extension de la centrale de tri Demeter par exemple, ou la réalisation de la ligne 5 de tramway et l’extension de la ligne 1, les aménagements vélo, la Régie publique de l’eau, l’agroécologie, la rénovation thermique des bâtiments… L’écologie est intégrée à tous les domaines.

Comment rendez-vous la vie urbaine plus durable ?

La Métropole est parmi les plus attractives de France avec 8 000 nouveaux habitants par an. Pour les accueillir, il faut un urbanisme raisonné, en construisant la ville sur la ville et en limitant l’étalement urbain. Le quartier Cambacérès est passé de 150 à 48 hectares urbanisés par exemple. Les permis de construire attribués par la Ville doivent tous être évalués à travers la grille AURA : un ensemble d’indicateurs qui notent le projet sur des critères de développement durable. Nous la modernisons en y intégrant les 17 objectifs de développement durable de l’ONU. C’est unique en France.

La ville est aussi transformée par le plan de végétalisation Cité Jardins. D’anciens parkings deviennent des parcs, comme le nouveau parc René-Dumont. Nous rendons à la nature ses quartiers.

Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole. M. E.
Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole. M. E. – Midi Libre

Consommer autrement, c’est privilégier le bio dans les cantines : comment cela se passe-t-il à Montpellier ?

Pour offrir du bio et local dans nos cantines, toute la chaîne doit être transformée. C’est une politique de long cours : de la mise à disposition des terres publiques à des agriculteurs bio en passant par le développement des circuits courts. Nous avons aujourd’hui 35 % de bio et de local dans les cantines, en maintenant des prix bas grâce aux économies réalisées en luttant contre le gaspillage. L’objectif est d’atteindre 50 % en 2020. Montpellier est aussi la première ville à utiliser des barquettes bio-compostables et à avoir abandonné le plastique, ce qui réduit les déchets et préserve la santé des enfants.

Ce travail de fond est reconnu à l’international : nous avons ainsi été choisis pour accueillir en octobre 2019 les 184 villes signataires du Pacte alimentaire de Milan, de Mexico à Séoul, Dakar, Berlin ou encore Beijing.

Montpellier est à la pointe de la mobilisation pour le climat. Quel regard portez-vous sur ce mouvement ?

Je ne suis pas un spécialiste du climat, je n’ai pas fait l’ENA ou Polytechnique. Mais depuis 2014, je défends une écologie du bon sens, qui irrigue toutes les décisions prises dans ce mandat. Du bon sens quand on modifie avec les Montpelliérains le tracé de la ligne 5 pour préserver les 700 arbres du Parc Montcalm et pour desservir le plus de quartiers possible. Du bon sens quand on préserve les deux tiers de la Métropole en espace agricoles et naturels. Du bon sens aussi quand on soutient le projet d’une zone à faible émission. Le premier Plan Climat a été adopté dès 2014, nous n’avons pas attendu. Et nous préparons cette année le deuxième pour lui donner une nouvelle ambition.

Enfin, je défends depuis des mois l’idée d’intégrer au Préambule de la Constitution une obligation de préservation de la planète. Cela veut dire d’avoir un engagement formel vis-à-vis de l’écologie, d’ériger l’écologie en principe, en conduite à la fois pour les citoyens et les responsables politiques.